Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 08:24
N
Nouis avions repris notre cheminement et vers le soir, nous aperçûmes une bande d’hommes qui arrivaient de la droite, parmi les grandes herbes.  Ils avaient l’air inquiétant, lourdement armés de gourdins et de bâtons. Ils avaient fait mouvement avec la plus grande discrétion et déjà ils formaient une ligne qui se refermait sur nous. Je sentis un étrange frisson  m’envahir et je repensais à notre récente décision de ne plus parler à quiconque de destination.
 
Kaolin se dressa devant eux, leur faisant  le geste de la paix qui n’arrêta en rien leur  encerclement. J’imagine que le gamin lisait dans mes pensées, car aussitôt que j’avais eut cette idée secrète de parler du Soulvègue, il le fit en insistant sur le fait que nous étions les envoyés d’un puissant Chaman et que nous allions chercher et ramener la sérénité qui y vit dans les gras herbages de cette plaine mystérieuse. Aussitôt prononcé ces mots, les individus prirent un visage grimaçant et s ‘enfuirent en désordre et en hurlant en direction de la colline d’où ils étaient venus.  Mon habillement et les deux chevaux dressés avaient fini par les impressionner, autant que le mot Soulvègue.
 
Je m’informais sur ces étranges  personnages auprès de Kaolin. Ce dernier me raconta que c’ était des Klackmousticks, sortes de brigands qui vivaient non de leur chasse, mais de la chasse des autres clans et des provisions des voyageurs de passage.
 
---As-tu remarqué tout au long des sentiers les petits monticules de cailloux?
 
---Oui, j’en ai vu quelques uns.
 
---Ce son les sépultures des malheureux qu’on retrouve assassinés par ces Klackmousticks et dépouillés de leur provision ou de leur chasse.
 
J’étais sidéré, à la pensée qu’en ces âges reculés, où  la précarité et l’âpreté de la vie était quotidienne, où la cohésion entre les clans était une raison suffisante et synonyme de survie, déjà, des individus avaient imaginé qu’on pouvait vivre au dépend de ceux qui se donnaient tant de mal pour nourrir eux st leur famille. Décidément l’humanité n’a rien inventé  de mieux durant ces millions d’années.
 
La plaine avait fait place à une vallée encaissée. Nous observions le fleuve Rhône qui roulai ses eaux terreuses depuis un petit promontoire. La décision avait été prise d’emprunter cette voie parallèle sur les rochers depuis notre rencontre avec les Klackmousticks. L’autre sentier qui longeai le fleuve nous semblait un véritable coupe gorge avec ses méandres, sa continuelle invasion  de ronces, d’arbustes tordus ou déposés par les eaux, ses flaques et ses marécages. De temps à autres, nous faisions une petite reconnaissance sur la gauche afin de vérifier si nous ne nous écartions pas trop de notre chemin initial.
 
Nous arrivons enfin sur une grande plaine couverte d’une végétation inconnue dans notre région. Tout était étrangement calme en en fin de compte nous n’avions pas rencontré beaucoup de monde depuis notre départ. Ce qui me faisait dire qu’il n’y avait pas beaucoup d ‘habitants au kilomètre carré à cette époque, même si les chasseurs remontaient sur le nord en cette saison. Dieu merci, à part quelques reptiles, nous n’avons rencontré aucun lion.
 
Depuis deux jours déjà nous  progressons dans cette nouvelle savane, parmi les oliviers et les herbes odoriférantes. Le ciel se faisait plus lumineux et annonçait l’approche de la mer aux eaux tumultueuses, peuplée de poissons monstrueux comme l’avait annoncé le Chaman. Toujours pas l’âme d’un homme.
Un soir, alors que nous nous apprêtions à traverser  le lit pierreux d ‘un torrent, un vieillard nous fit signe depuis l’autre rive. Il vint même jusqu’ à nous au travers du pierrier. Ses premières paroles furent pour nous décrire comme fatigués par un long voyage.  Le vieil homme expliqua que son village était tout proche et que nous devions le suivre pour nous y reposer avant de continuer notre route. Il nous expliqua aussi que la plupart des familles étaient partis plus à l’Ouest pour y entasser des provisions de viande et de peaux pour l’hiver prochain. Lorsque le gibier sera épuisé là où ils sont, ils se déplaceront encore plus à l’ouest, dans un autre campement qu’ils y ont.
 
Le village était fait de huttes de branchage et aussi de cabanes de pierres plates énormes. Les quelques habitants restés là ne semblaient pas curieux de savoir d’ où nous venions, ni intrigués par nos chevaux dressés, encore moins par mon habillement. Nous fûmes bien reçus et l’accent était mis sur le fait que nous étions fatigués et que nous devions nous reposer. C’était bien la première fois qu’on prenait tant de soins de notre santé. Même la qualité d’albinos de Kaolin n’avait pas le moindre effet. La moyenne d ‘âge du village était élevée et sans doute avaient-ils déjà vu bien des choses dans leur vie
 
Au matin, je demandais à notre hôte, si la mer était encore loin et s’il y connaissait un vieil homme aux yeux usés.  Il me répondit qu’il y avait bien deux à trois jours de marche, mais qu’il n’y était jamais allé. Il dit aussi que là-bas,  ils ont tous les yeux usés.
 
Quelques temps après notre arrivée, nous prîmes congé de nos villageois qui avaient gentiment apporté des provisions pour la suite de notre voyage.
 
En à peine deux jours, nous arrivons enfin au bord de la grande bleue. Des hommes étaient dans l’eau jusqu’ aux épaules pour certains, et tiraient d’immenses filets où scintillaient des poissons argentés. D’autres les récupéraient dans de grandes bassines de terre cuite. Ces poissons « monstrueux » étaient un peu plus longs que ceux de nos rivières, et il me parut que Hamalguknak exagérait un peu, à mois que de l’autre côté des eaux, il y en avait de plus grands!  Aussi aucun des hommes d ‘ici, bien presque tous pas très jeunes, n’avaient les yeux usés.
 
La nuit venant la majorité des pêcheurs se couchèrent à même le sable pour y passer la nuit. Noua fîmes de même. Demain, pensais-je, nous longerons la plage et nous verrons bien si ce vieil homme aux yeux usés nous y attend.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de gerard MORLAND
  • : Lucius Lucidus , l'histoire se passe au tout début de notre ère Ensuite paraitra le Blé d 'hiver années 50 dans le lot, puis "le Plumier" 1870/1914 dans la Sarthe
  • Contact

Recherche

Liens